Bonjour à toutes et à tous, asseyez-vous confortablement. Nous allons entamer aujourd’hui la troisième et dernière partie de la quintessence du bouddhisme.
Le calme pour commencer
Nous allons parler de la sagesse, que nous connaissons aussi sous le nom de Vipassana. Avant toute chose, il faut se souvenir que nous avons toujours besoin d’utiliser Samatha Bhâvanâ ou encore le développement de la concentration avant de pouvoir pratiquer Vipassana Bhâvanâ. En effet, il faut que votre esprit soit calme pour pouvoir développer la sagesse. C’est comme si on vous demandait, de courir le marathon de New York, alors que vous ne faites jamais de jogging. Ceci serait idiot et dangereux. Vous devriez commencer à courir tous les deux jours quelques minutes puis augmenter votre intensité et votre durée de course pour pouvoir peu à peu arriver à un certain niveau. Cela a du sens n’est-ce pas ? C’est la même chose avec la pratique de Vipassana, vous devez pratiquer régulièrement l’attention sur un objet de méditation pour pouvoir peu à peu observer comment fonctionne votre corps et votre esprit. Sinon nous aurons quelques fois une forme de sagesse mais elle sera plus dû à l’effet du hasard qu’à celle de notre pratique.
L’intention juste
L’intention juste est la première partie de la sagesse. C’est l’intention de ne pas faire le mal, de ne pas être cruel et de ne pas être avide. Ce sont des poteaux indicateurs sur le chemin pour nous montrer dans quelle direction nous devons aller. À l’inverse le bouddha nous dit d’être bienveillant, compatissant et de pratiquer le renoncement. Ce sont les antidotes que nous devons utiliser à chaque fois que nous voulons faire du mal à quelqu’un ou que nous avons de l’avidité pour quelque chose. L’intention juste doit être mise en pratique à chaque fois que nous agissons, que nous parlons et même avant de penser. Donc, posez-vous toujours la question de savoir si vous agissez avec colère ou avec bienveillance, avec cruauté ou avec compassion, avec avidité ou avec renoncement. Ce sont des questions qui doivent toujours être dans notre esprit. Cela peut être vraiment difficile parce que cela signifie aussi abandonner nos vues et nos opinions. On doit apprendre à abandonner nos opinions au profit de la bienveillance, de la compassion et du renoncement, c’est quelque chose que je vous invite à méditer.
Lorsque nous voyons les choses réellement, il est assez facile de renoncer. Par exemple, il est plus facile de nous éloigner des choses et des personnes, quand on est conscient que tout est impermanent.
La compréhension juste
Maintenant revenons vers la compréhension juste. La compréhension juste c’est la compréhension des quatre nobles vérités. Le bouddha nous dit que la première vérité que nous devons comprendre est que la vie est par nature insatisfaisante. La cause de cette insatisfaction est notre désir que les choses soient différentes de ce qu’elles sont. Le troisième aspect c’est de savoir qu’il y a un état au-delà de cette insatisfaction qui s’appelle le nirvana. La quatrième vérité, c’est l’explication du chemin pas à pas qui s’appelle le noble chemin octuple.
Le karma
Au-delà de ça, il y a plusieurs choses qui doivent être comprises pour pouvoir pratiquer correctement. La première des choses c’est la cause à effet, ou encore, ce que l’on connaît sous le nom de kamma en pali et karma en sanskrit. Ce qui est important de réaliser dans la compréhension du kamma, c’est que nous devons agir, parler et penser correctement. C’est-à-dire que nous allons créer des causes et des effets habiles ou sain. Notre comportement produit un effet. Par exemple, la manière dont nous pensons affecte la manière dont nous nous sentons. Ce qu’il faut retenir, c’est que la cause à effet est une chaine sans fin qui aura des résultats dans cette vie même et dans nos vies futures.
L’interdépendance
L’autre aspect de l’enseignement du bouddha que nous devons comprendre, c’est l’interdépendance ou la coproduction conditionnée. Cela signifie que rien dans ce monde n’apparaît par lui-même. On pourrait reprendre cette citation de Lavoisier : «rien ne se perd, rien ne se crée tout se transforme ». Indépendamment des causes et des conditions. Quand les causes et les conditions changent, les choses changent également. Si on prend par exemple notre corps physique il vient de différentes causes et conditions, l’une d’entre elle est le sperme de notre père et l’ovule de notre mère. Ainsi que le kamma de nos vies précédentes.
Au moment de notre mort, la qualité d’esprit que nous avons ainsi que les résultats karmiques de notre vie vont influencer notre prochaine vie. Toutes proviennent des causes et des conditions donc pour qu’il y est une nouvelle vie heureuse, il doit y avoir des causes et des conditions heureuses dans cette vie. Mais il ne faut pas oublier que dans cette vie même, il y a beaucoup de causes qui vont produire des conditions dont les résultats seront visibles immédiatement. Vous n’avez pas besoin d’attendre votre mort pour en voir les résultats !
Tout peut être transformé
Toutes les formes de nourriture, lorsque je parle de nourriture cela ne signifie pas uniquement la nourriture que nous mangeons mais également ce que nous voyons, ce que nous entendons, ce avec quoi nous sommes en contact. Tout cela produit des réactions en nous. Tout cela est la cause d’une nouvelle réaction en cascade. Ce que nous expérimentons produit une réaction en nous-mêmes.
Donc, la coproduction conditionné nous enseigne plusieurs choses. Tout d’abord, tout ce que nous avons et ce que nous sommes est le résultat des conséquences de nos actions antérieures ainsi que de notre génétique. Cependant pendant cette vie même on peut modifier et changer ce que nous sommes. C’est vraiment un enseignement très important car cela signifie que rien n’est figé et que tout peut être transformé. En réalité tout dépend de nous et cela nous apprend également que nous sommes les maîtres de notre propre vie, que rien est écrit dans un soi-disant destin ou que rien ne dépend d’une entité divine.
Les trois caractéristiques de l’existence
Enfin le dernier enseignement important sont les trois caractéristiques de l’existence. Ces dernières disent que tout ce qui est créé est impermanent et instable, comme tout est instable rien ne peut être sous notre contrôle ou encore nous appartenir réellement, et donc de ce fait tout dans l’existence est insatisfaction. Donc, il est intéressant de noter ici que lorsque je dis qu’il y’a une renaissance, c’est un courant et non pas « moi » ou « je ». L’énergie de l’esprit va partir chercher une autre renaissance. Quant au corps physique il va repartir vers les quatre éléments : la terre, l’eau, le vent, la chaleur.
Tout ce que j’ai exposé depuis les quelques sessions dont nous avons parlé doivent être mis en pratique parce que pour l’instant c’est juste pour vous une compréhension intellectuelle. Cette compréhension intellectuelle n’aura aucune utilité si cela reste à ce niveau. Il y aura un résultat uniquement lorsque vous mettrez en application dans votre vie quotidienne les enseignements du bouddha, dans votre corps et dans votre esprit.
Le but de l’enseignement
Ce que nous nommons « moi » est une interaction de processus physiques, intellectuelles et émotionnels. Tout ce que nous devons savoir dans le monde se trouve dans cet esprit et ce corps. Le but du bouddhisme est de sortir de ce cycle du Samsara pour ne plus connaître la souffrance, qui est inhérente à notre vie, de manière définitive. Donc, il est important ici de comprendre que la pratique de l’enseignement du bouddha n’est pas de vous amener vers le bien-être, vers la béatitude. La pratique du bouddhisme est de faire cesser toutes formes de malheur et de bonheur pour aller au-delà de cette dualité.
Pour conclure
Il y aurait encore beaucoup de choses à dire au sujet de l’enseignement du bouddha. Mais je crois que vous avez ici l’essentiel de l’enseignement. Bien sûr, chaque sujet présenté ici de manière succincte peut être développé et je vous encourage pour cela à lire les ouvrages des grands maîtres, et surtout, si vous avez un bon kamma à pouvoir rencontrer un jour un grand maitre. Ajahn Suchart dit souvent que rencontrer un grand maitre, c’est comme trouver un diamant, c’est extrêmement rare.
Vous avez certains enseignements sur mon site « dhammaduta.fr » mais également quelques livres en français sur le bouddhisme Theravada de très bonne qualité. N’oubliez pas pour autant que le meilleur livre se trouve dans votre corps et dans votre esprit. C’est cela que vous devez lire en priorité chaque jour pour comprendre un peu plus la manière dont vous fonctionnez. Voir également quels sont les résultats dans votre vie quotidienne lorsque vous mettez en application les enseignements du bouddha.
Je vous souhaite à tous une grande réussite dans ce travail inestimable. Ce travail d’une vie. Puissiez-vous tous atteindre le Nibbana dans cette vie même.
Par Olivier Sayag
Pour préparer mon enseignement je me suis réfère à deux sources : l’enseignement du Bouddha de Walpola Rahula ainsi que les huit marche vers le bonheur du vénérable Henepola Gunaratana. Je vous courage tous à lire et relire leurs ouvrages respectifs.
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