La quintessence du Bouddhisme (2ème partie)

Bonjour à toutes et à tous, soyez les bienvenus.

Nous allons aujourd’hui revenir sur la quintessence du bouddhisme, sur comment mettre en application la compréhension juste. La dernière fois que, nous avons vu que ce qui nous libère de notre souffrance est la sagesse ou Vipassana. La sagesse, c’est de voir les choses telles qu’elles sont. En étant attentif à chaque instant. Tout ce qui apparaît est soumis à Anicca, Dukkha et Anatta. Cette compréhension nous amène à ne plus nous attacher aux choses dont nous sommes en contact. Parce que si nous nous attachons à ce qui est impermanent (Anicca) et ce qui n’est pas sous notre contrôle (Anatta) nous sommes sûre d’aller vers la souffrance (Dukkha).

Le seul moyen de ne pas souffrir

Comme rien n’est permanent et que rien n’est sous notre contrôle, le seul moyen de ne pas souffrir est de ne pas s’attacher. Je me souviens la première fois que j’ai eu une voiture, c’était une Lancia Y 10 (une voiture qui n’avait rien de particulier et qui n’était pas très joli). Mais je n’en croyais pas mes yeux ! J’étais tellement heureux d’avoir cette voiture.

Elle me paraissait la plus belle voiture au monde. Maintenant avec le recul, les années qui ont passées et les différentes voitures que j’ai eues depuis, je pense que si je voyais cette Lancia Y 10 je ne la regarderais même plus ! Tout cela pour vous dire, que ce qui avait une importance à un certain moment, n’en a plus à d’autre moment. Voilà une façon de comprendre avec sagesse comment observer notre esprit et notre appréhension de la vie. On comprend la loi de la nature et on ne prend pas les choses de manière personnelle.

La parole, l’action et le moyen d’existence juste

Nous allons parler maintenant des autres aspects de l’octuple sentier en commençant par la parole juste. La parole juste est une parole honnête, gentille et appropriée. C’est-à-dire qu’il faut savoir parler au moment opportun, avec un timbre de voix adéquat et employer les mots avec intelligence.

Ensuite vient l’action juste, qui est de s’abstenir de faire du mal aux autres (hommes, femmes, animaux, plantes, notre environnement et notre planète), de ne pas prendre ce que l’on ne nous a pas donné ou vendu et avoir une sexualité approprié.

Puis vient le moyen d’existence juste qui est de gagner sa vie sans blesser, tuer ou exploiter d’autres êtres vivants. Ces trois aspects sont la fondation de ce qu’on pourrait appeler l’éthique ou la moralité.  C’est la base dont nous avons besoin pour commencer notre pratique. Il est assez évident que si nous avons un métier qui nous fait exploiter d’autres personnes, nous aurons beaucoup plus de mal à avoir un esprit apaisé et tranquille. La moralité dans l’enseignement du bouddha ne doit pas être vu comme un ensemble de commandements face à une punition divine mais plutôt comme une base minimum pour pouvoir commencer à développer notre tranquillité d’esprit. Si nous mentons ou volons, il est évident que l’on sera toujours perturbé, ou au minimum, sur le qui-vive en ayant peur de se faire attraper. De cette façon notre esprit ne peut être qu’agité.

Voir les préceptes avec intelligence

Un point important à souligner est que la moralité ne doit pas être vue comme un dogme. Si nous prenons par exemple le précepte de ne pas mentir, il faut le voir avec intelligence. Par exemple, si vous êtes invité à dîner chez des amis, et que la maîtresse de maison vous demande si le repas était bon ? Même s’il était dégueulasse… Vous pouvez éviter de lui dire la vérité en pleine face !

Ou alors parfois des personnes me disent : « lorsque je conduis ma voiture la nuit je tue pleins d’insectes. ». Cette réflexion est intéressante parce que cela nous amène à comprendre que ce qui nous apporte un résultat karmique est notre volonté. Si par exemple, vous roulez la nuit en ayant la volonté de tuer tous les insectes sur votre route, vous aurez un résultat karmique négatif. À l’inverse, si vous prenez votre voiture pour aller d’un point A a un point B et que vous tuez sans le vouloir des insectes, vous n’aurez aucun résultat Karmique.

Le développement de l’esprit

Maintenant nous allons parler du développement de Bhâvanâ ou le développement de l’esprit plus communément connu sous le nom de « méditation ». Qui est un sens assez large, souvent galvaudé. Cette partie se divise en trois phases : l’effort juste, l’attention juste, la concentration juste. La méditation est l’outil principal pour atteindre la sagesse et l’éveil. Il faudra beaucoup de persévérance et de pratique pour que nous soyons capable de calmer l’esprit et de maintenir l’équanimité face à tous les événements que nous aurons à rencontrer dans notre vie.

L’effort juste, c’est de pouvoir observer, influencer et contrôler les pensées et les émotions qui se développe dans notre esprit. On divise traditionnellement l’effort juste en quatre aspects :

– Ne pas autoriser des pensées ou émotions malhabiles à naître dans notre esprit.

– Ne pas autoriser des pensées ou émotions malhabiles qui sont déjà présentes dans l’esprit à se développer.

– Autoriser des pensées et des émotions habiles à apparaitre dans notre esprit.

– Enfin développer des pensées et des émotions habiles déjà présentes dans notre esprit.

Qu’est-ce que nous appelons « habile » et « malhabile » ?

Habiles sont les pensées, actions et paroles qui ne nous blessent pas nous-mêmes ainsi que les autres. Comme vous l’aurez compris les pensées, actions et les paroles malhabiles sont celles qui développent du stress, de l’anxiété et toutes formes de souffrances pour nous-mêmes et les autres.

Maintenant venons a l’attention juste. L’attention juste, c’est observer ce qui se passe dans l’esprit de manière détachée et dans l’instant présent. Sans être rattrapé par nos pensées ou nos émotions. Nous devons être capable d’observer une pensée concernant le passé où le futur, sans se faire prendre par la pensée ou l’émotion. On doit être l’observateur et non l’acteur. Pour cela, il y a différentes techniques, je ne vais pas toutes les énumérer ici mais je vais vous donner quelques indications. Par exemple, nous pouvons diviser la pensée que nous sommes en train de vivre en reconnaissant chaque aspect de cette pensée. Nous pouvons observer une pensée en notant si cette pensée est une pensée concernant le passé ou le futur. Si c’est une pensée agréable, désagréable ou neutre. Quelle émotion fait naître en nous cette pensée ? Quelle est la cause de cette émotion ?

Lorsque nous ne sommes pas attentifs, que nous sommes perdus dans notre pensée ou dans notre émotion, nous ne sommes pas dans l’instant présent. À tel point que parfois nous faisons des choses par automatisme sans même s’en rendre compte et nous nous laissons ballotter de droite à gauche comme un bateau sans skipper ou sans gouvernail.

Renforcer son esprit avec la concentration

On doit revenir des milliers et des milliers de fois sur l’observation de la pensée ou des sensations du corps pour que peu à peu notre esprit s’habitue à observer ce qui se passe dans l’instant. Nous observons nos pensées comme des nuages dans le ciel qui apparaissent qui passent et disparaissent. Notre travail, c’est d’observer les sensations, les pensées et les émotions de manière détachée comme un spectateur qui regarderait une pièce de théâtre. Ensuite, avec le temps et la pratique, nous pouvons commencer à choisir les pensées que nous autorisons à pénétrer dans notre esprit ou au contraire rejeter celles que nous ne désirons pas.

Parce qu’on reconnait les pensées habiles et celles qui sont malhabiles. On voit que l’attention et l’effort travaillent ensemble. Avec l’attention nous développons les pensées habiles et nous rejetons les pensées malhabiles. Mais pour avoir la force de faire cela nous devons développer la concentration juste.

La concentration nous permet de pouvoir rester sur le sujet que nous désirons le temps que nous désirons. C’est comme faire de la musculation. Vous devez passer des heures à soulever des poids pour que peu à peu vos muscles soient de plus en plus puissants. En méditation, nous musclons notre esprit, en revenant inlassablement vers l’objet de méditation lorsque celui-ci part vers des pensées. Moment après moment. La méditation Samatha est un entraînement pour pouvoir ramener inlassablement notre attention vers notre objet de méditation comme par exemple la respiration ou un mantra. À chaque fois que notre esprit s’égare vers une pensée ou une émotion, dès que nous en rendons compte nous revenons vers notre objet de méditation.

Un esprit qui se stabilise

De cette manière, lorsque nous serons confrontés à un événement dans notre vie quotidienne nous aurons la force mentale de pouvoir amener des pensées positives et de l’intelligence, en sachant comment agir. C’est ce que l’on appelle la clarté de l’esprit. Quand nous sommes capables de rester sur un objet longtemps, à défaut de tous les autres. L’esprit se calme naturellement et devient clair. Bien sûr, plus on développe cette concentration intérieure plus notre paix deviens profonde.

Dans son état normal l’esprit est compressé par des pensées et des émotions qui défilent à une vitesse phénoménale, le plus souvent avec des choses qui ne sont pas nécessaire et inutile. Avec l’aide de la méditation, l’esprit devient plus clair et bien sûr il est plus facile de voir la réalité et de voir comment agir face à un événement. C’est un peu comme si vous preniez un verre d’eau rempli de terre, vous ne pourriez bien sûr pas voir à travers. Maintenant si vous poser le verre et que vous attendez quelques minutes, la terre va se déposer au fond du verre, et votre eau en surface va devenir claire et translucide. Lorsque les choses sont claires et translucides on peut développer la sagesse.

Mais je crains qu’il se fasse un peu tard et que notre emploi du temps ne nous permette pas d’aller plus loin. Donc, je vous donne rendez-vous à une prochaine session pour que l’on puisse développer ensemble Panna ou la sagesse.

Par Olivier Sayag

Pour préparer mon enseignement je me suis référé à deux sources : l’enseignement du Bouddha de Walpola Rahula ainsi que les huit marches vers le bonheur du vénérable Henepola Gunaratana. Je vous encourage tous à lire et relire leurs ouvrages respectifs.

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