La quintessence du Bouddhisme (1ére partie)

Bonjour à tous,

Merci d’être venu si nombreux, je vois qu’il y a de nouveaux visages dans l’assemblée. C’est de bonne augure car j’aimerais parler aujourd’hui de la quintessence du bouddhisme.

Pour ceux qui n’ont pas beaucoup de mémoire, il y a trois choses que l’on peut se souvenir, qui résume tout l’enseignement du bouddha. « Ne faites pas le mal, faites-le bien, purifiez votre esprit ».

Bien sûr, on peut retrouver ces trois aspects du dhamma dans à peu près toutes les religions. Le bouddha n’a toutefois pas fait que d’exposer ces trois conseils. Il nous a donné un chemin à parcourir très détaillé pour nous éviter de nous perdre en route ! Lorsque j’ai commencé à pratiquer, la première question qui m’est venu à l’esprit était de savoir quel était le but de cette pratique. Si je m’engageais dans cette voie qui inévitablement allait me demander beaucoup d’efforts, qu’est-ce que je pouvais en attendre ?

Une mauvaise compréhension

À partir de ce moment-là, je me suis rendu compte que nous avions tous beaucoup de faux aprioris sur l’enseignement du bouddha. D’abord, ce qui est singulier dans cette religion par rapport à tout autre est que son fondateur le bouddha n’est pas un Dieu ni même un messager de Dieu. Ce qui nous amène naturellement à en déduire que le bouddhisme n’est pas basé sur une croyance mais sur un chemin de pratiques et de savoirs ou comme dit Ajahn Jayasaro « une voie éducative ». Le bouddha dit : « il n’y a rien à croire, il y a juste à voir ».

C’est une pratique de connaissances et de mises en application de cette connaissance. Cette connaissance, si elle est mise en application, doit nous mener vers un résultat dans cette vie même. Le bouddha est celui qui a découvert, ou redécouvert, ce chemin de pratique. Son message est simple, il dit : « je n’enseigne qu’une chose la souffrance, et la cessation de la souffrance ». Il ne peut pas être plus clair !

Il y a une autre mauvaise compréhension surtout en Occident par rapport à la renaissance. La renaissance n’est pas un transfuge de l’âme dans différentes vies. La renaissance est un courant de conscience qui se fera en fonction de nos différentes actions que nous avons effectuées dans nos vies précédentes et dans cette vie même. Cela signifie que la seule personne responsable de ce qui se passe dans notre vie, ce n’est pas Dieu, ce n’est pas notre femme ou encore notre voisin ! Mais c’est nous-mêmes.

Une remise en question

Ce qui nous amène à une question essentielle : comment vivons nous en ce moment ? Quelles sont nos actes en cet instant ? Quelles sont les actions bonnes ou mauvaises que nous effectuons car tel un boomerang nos actions nous reviendrons dessus dans cette vie même ou dans une vie future. Cela signifie également que nous sommes responsables de nos actes. Contrairement à d’autres religions ou à nos sociétés qui nous infantilise, nous devons nous comporter comme des adultes face à ce qui apparaît dans nos vies. Donc, voilà pourquoi il est si important de « faire le bien, de ne pas faire le mal et de purifier notre esprit ».

Siddhârta Gotama ( le futur bouddha) comme le savez surement quitta sa position royale, son palais et tout son bien-être et ses ressources. Pour chercher des enseignants qui pourraient répondre à ses questions. Ses questions étaient simples. Pourquoi il y a de la souffrance dans ce monde ? Du stress, de l’anxiété dans chaque personne ? Pourquoi il y a des maladies, la vieillesse et la mort pour tous les êtres ? Et comment mettre fin à toutes ces formes de souffrance ?

Le futur bouddha fut forcé de constater que toutes les réponses que l’on lui proposa ne lui apportait pas d’explication concrète. Il décida donc de répondre à ces questions en se servant de son propre corps et de son propre esprit comme d’un laboratoire dans lequel il pourrait trouver la réponse. Au moment de son éveil, il découvrit les Quatre Vérités Nobles. C’est quatre nobles vérités lui apportèrent la réponse à toutes ces questions, d’un point de vue philosophique mais également d’un point de vue pratique. 

Les 4 nobles vérités

Donc, on peut dire que les quatre nobles vérités sont le cœur du bouddhisme. Lorsque l’on étudie les quatre nobles vérités on voit qu’elles contiennent l’ensemble de l’enseignement du bouddha. Il n’y a rien de plus à ajouter ou rien de moins à enlever.

La première noble vérité est que la vie par nature est insatisfaisante, souffrance et stressante. C’est ni plus ni moins qu’un constat. J’entends déjà des voix qui résonnent en disant : « mais c’est faux, j’ai souvent des moments de bonheur et de joie. ». Si vous le voulez bien, nous allons revoir cela plus en détail un peu plus tard.

La deuxième noble vérité, c’est de voir que la cause de notre souffrance est notre désir. Ce dernier nous le cherchons au travers des cinq sens du corps et celui de l’esprit, également par le désir d’avoir et d’être, ou le désir de ne pas avoir et de ne pas être.

La troisième noble vérité est qu’il y a un état dans cette vie même où l’on peut être au-dessus de cette souffrance, de cette insatisfaction et de cette anxiété qui nous caractérise en tant qu’êtres humains. C’est ce que nous appelons plus communément le Nibbana. Le Nibbana n’est pas un paradis artificiel ou inventé par l’esprit. C’est une réalité bien concrète pour celui qui met en application les enseignements du bouddha dans cette vie même.

La quatrième noble vérité est le chemin pour atteindre le Nibbana. Ce que l’on nomme le chemin octuple, peut-être avez déjà vous entendu parler de ce fameux chemin octuple. C’est le côté mise en pratique du bouddhisme, c’est le « Do It Yourself » !

La compréhension juste

Le premier aspect de ce noble occupe le sentier est la compréhension juste. Qu’est-ce que la compréhension juste ? C’est la compréhension des quatre nobles vérités. Comme nous avons déjà vu le bouddha nous dit dans la première nobles vérités que la vie est par nature insatisfaisante. Voyez-vous nous prenons souvent les problèmes de notre vie à l’envers. Lorsque nous sommes face à un problème nous pensons que nous sommes la cause de ce problème où nous pensons que la personne en face de nous est la cause de notre problème mais nous ne pensons jamais que la cause de notre problème est inhérente à la vie.

Nous pensons lorsque nous sommes face à un problème que si nous arrivons à trouver la solution à ce problème, tout ira mieux. C’est le syndrome du si seulement si : « Si j’étais plus riche, si j’étais plus beau, si j’étais plus mince, celui-là il est pour moi ! si j’étais plus intelligent, si je pouvais mettre en pratique l’enseignement du bouddha ! » voilà quelques exemples de ces « Si seulement ».

Donc le bouddha prend un contre-pied à ce que nous faisons naturellement en disant que la vie est par nature insatisfaisante. Cela nous ouvre un angle tout à fait différent parce que nous pouvons voir que notre vie ou que le monde qui nous entoure ne pourra jamais être satisfaisant. Le bouddha ne dit pas que le bonheur n’existe pas. Le bouddha ne dénie pas le bonheur mais il nous montre que la raison pour laquelle la vie est insatisfaisante c’est parce que cette vie est par nature instable, en changement constant.

3 aspects de dukkha

Insatisfaction se dit dukkha en pali.

Dukkha peut être vue sous 3 angles :

Il y a dukkha-dukkha, ce qui est la souffrance ordinaire, que nous rencontrons tous dans notre vie comme par exemple la vieillesse, la maladie et la mort, perdre les choses que nous aimons et à l’inverse vivre avec  des choses que nous détestons ou que ne voulons pas.

Viparinama-dukkha, c’est la souffrance qui apparaît à cause de l’instabilité de la vie. Parce que tout est dans un flux constant. C’est ce que nous venons de voir.

Enfin il y a Sankhāra-dukkha, c’est la souffrance qui apparaît parce que toute chose est interdépendante. Rien apparaît indépendamment et par soi-même. Nous nous illusionnons en pensant que nous sommes une entité à part entière, nous pensons que nous pouvons contrôler cette entité que nous nommons : « moi, mien, je ».

Dukkha dans le corps

Si par exemple on prend notre corps, on peut constater qu’il y a toujours une source de souffrance. Par exemple, si vous êtes assis en voiture ou en méditation au bout d’un moment votre corps va être ankylosé et vous allez vouloir bouger, parfois même sans vous en rendre compte. Pendant votre sommeil notre corps bouge parce qu’il est trop longtemps dans la même position et qu’il ressent une forme de souffrance. La vieillesse du corps par exemple peut-être un autre exemple, comme vous le constatez votre corps change constamment, il suffit pour cela de prendre entre vos mains une photo de vous lorsque vous aviez 10 ans pour constater qu’il y a eu un énorme changement. Plus pour certains que pour d’autres, je vous l’accorde ! Plus ce corps vieillit et moins il est capable de faire tout ce que l’on désirait qu’il fasse.

Nous pouvons penser également que le corps nous appartient. « C’est mon corps, il m’appartient ». Mais en réalité, ce corps dépend de tellement d’autres choses pour vivre. Donc le bonheur que nous avons est temporaire et dépendant de chose que nous ne contrôlons pas.

Accepter la réalité telle qu’elle est

Notre souffrance provient du fait que nous ne voulons pas accepter ces réalités. Nous voulons que les choses suivent le cours de ce que nous désirons. Quand cela ne suit pas le cours de notre désir, il y a une lutte qui donne naissance à la souffrance. Pour sortir de la souffrance il faut abandonner nos désirs. Ce n’est pas de la résignation. C’est une question de compréhension et de vivre en accord avec les phénomènes naturel de la vie. Ce qui nous libère, c’est la sagesse. Qu’est-ce que la sagesse ? C’est de voir les choses telles qu’elles sont réellement. À partir de ce moment-là nous allons changer notre attitude face aux événements avec lesquels nous allons être confrontés. En abandonnant nos désirs, parce que nous savons maintenant que nos désirs sont la cause de notre souffrance.

Nous allons nous arrêter là pour aujourd’hui car c’est déjà beaucoup d’informations. Nous continuerons à parler de la quintessence du bouddhisme dans 15 jours à la prochaine session. En attendant je vous souhaite à tous de lâcher peu à peu vos désirs !

Par Olivier Sayag

Pour préparer mon enseignement je me suis référé a deux sources : l’enseignement du Bouddha de Walpola Rahula ainsi que les huit marches vers le bonheur du vénérable Henepola Gunaratana. Je vous encourage tous à lire et relire ces ouvrages.

Je donne ma permission pour reproduire le contenu de cette publication de quelque manière que ce soit à des fins non commerciales, en tant que cadeau du Dhamma.

Aucune autre autorisation n’est nécessaire.

La reproduction de quelque manière que ce soit à des fins commerciales est strictement interdite.

Le contenu de cette publication ne peut en aucun cas être modifié.