Aujourd’hui nous allons répondre a une question fondamentale : Qu’est-ce que la méditation bouddhiste et à quoi sert-elle ?
Enseignement donné le 07 Juillet 2019 au Wat Khemararam.
La méditation, un outils
La méditation bouddhiste est l’outil qui nous sert à développer le calme mentale ou Samatha Bhāvanā et la sagesse Vipassana Bhāvanā en pali. Etymologiquement Samatha signifie calme ou tranquillité mentale. Vipassana signifie sagesse ou vision pénétrante et Bhāvanā signifie cultiver ou développer .
À chaque science ses instruments : le médecin a besoin d’un stéthoscope pour écouter le cœur de ses patients, le méditant à besoin de la méditation pour voir la nature de l’esprit.
C’est essentiel, sans pratique de la méditation, le bouddhisme ne serait qu’une forme de philosophie.
Mais revenons a la méditation. Pour cultiver Samatha Bhāvanā, nous commençons par développer l’attention sur un objet à l’exception de tous les autres. Par exemple nous portons toute notre attention à la respiration ce que l’on nomme ānāpānasati en pali. Le Bouddha nous a donner 40 sujets de méditation différents.
Le mental singe
On pourrait se poser légitimement la question de savoir à quoi sert de calmer notre esprit ? Cela a pour effet de changer peu à peu le comportement de notre « mental singe ». Mais qu’est ce que le « mental singe » me direz-vous ?
Le « mental singe » c’est ce que nous faisons du matin au soir en pensant sans cesse a tout et rien à la fois en ressassant le passé, en planifiant notre futur, ou encore en imaginant ce qui pourrait peut-être se passer s’il y avait ceci ou cela et ainsi de suite. Exactement comme le singe qui saute de branche en branche notre esprit saute de pensée en pensée. Cela a pour effet de déclencher des émotions qui vont elle-même agité notre esprit et par là même nous faire souffrir, c’est ce que nous appelons la cascade des pensées !
Calmer puis déraciner
Donc Samatha-Bhāvanā sert à calmer notre esprit, réduire les pensées puis enfin les éliminer. Mais le problème avec Samatha-bhāvanā, c’est que cela reste temporaire. En effet, une fois que nous sommes sortis de notre état de tranquillité de l’esprit, les pensées refont surface.
Un peu comme si vous coupiez une mauvaise herbe dans votre jardin avec votre tondeuse sans pour autant la déraciner, il y a fort à parier qu’au bout de quelque temps, votre mauvaise herbe refasse surface.
Ou encore j’aime cette métaphore, que je raconte souvent ! C’est comme un verre d’eau… Imaginez un verre d’eau troublé par de la terre, pour que l’eau soit de nouveau propre, vous devez poser le verre et attendre calmement sans y toucher, au bout d’un moment la terre va se dépose au fond du verre alors l’eau va devenir translucide mais la terre n’aura pas disparu pour autant, elle sera toujours au fond du verre, prête à se mélanger à l’eau si vous agitez le verre de nouveau.
Pour la faire disparaitre on utilise Vipassana.
La méditation pour voir la réalité
Un fois l’esprit calme nous développons donc Vipassana Bhāvanā. Vipassana c’est voir la réalité des choses telles qu’elles sont c’est-à-dire non pas comme nous aimerions que soit les choses mais comment elles sont réellement. Pour cela nous devons observer comment fonctionne notre corps physique ainsi que notre mental au travers d’un prisme, ce prisme c’est l’impermanence, l’insatisfaction et le fait que rien ne nous appartient, rien n’est sous notre contrôle.
J’ai mis une affiche dans mon bureau: « Don’t worry, nothing is under control » « ne vous inquiétez pas, rien n’est sous contrôle ! » Les gens ne comprennent pas pourquoi j’ai mis cette affiche, parce qu’ils sont dans l’illusion qu’ils peuvent tout contrôler, ah les pauvres si ils savaient !
La sagesse nous permettra de ne plus tomber dans l’illusion, dans la colère ou le désir de manière permanente. Pour reprendre notre illustration, la mauvaise herbe sera définitivement déracinée.
L’histoire d’un homme…
Pour illustrer cela, voici une histoire: c’est l’histoire d’un homme qui passe dans une rue et qui tombe dans un trou….
« – La première fois, je passe dans la rue, il y a un trou, je tombe dans le trou, je n’ai pas vu le trou et je mets du temps à en sortir.
– La deuxième fois, je passe dans la même rue, il y a toujours le trou, je fais semblant de ne pas le voir, je retombe, je n’arrive pas à croire que je suis retombé, je mets encore du temps pour en sortir
– La troisième fois, je passe dans la rue, je sais qu’il y a un trou mais je retombe dedans mais maintenant je sais où il est, c’est une habitude, c’est ma faute, j’en sors immédiatement.
La quatrième fois, je passe dans la rue, je contourne le trou.
La cinquième fois je décide de ne plus prendre cette rue ! »
Notre esprit est pour l’instant embrouillé par plein de désirs, de colère, de haine, d’illusion, de croyances, de fausses idées. Il tombe sans cesse dans les pièges que lui tendent les illusions. Mais peu à peu on tombera de moins en moins, jusqu’au jour où l’on verra clairement la réalité et naturellement et on ne tombera plus dans les pièges de notre esprit. Ceci est la sagesse. Et c’est le but que nous cherchons à atteindre.
Puissiez vous tous goûter aux fruits de la sagesse dans cette vie.
Olivier Sayag