Ci dessous, un extrait de l’enseignement oral donné le 15 Décembre 2019 au Wat Khemararam
Le mot « Vedāna » se traduit par sensation en français. Quand nous disons sensations nous devons préciser le sens de ce mot, cela peut être une sensation physique ou mentale.
Le Bouddha est très clair sur la manière d’observer les sensations : « N’éprouvez ni désir, ni aversion face aux sensations. Quand une sensation agréable apparaît on reste détaché. Une sensation désagréable ou neutre apparaît, on est détaché. On ne réagit pas. Une telle personne est appelée mon disciple. »
Reconnaître la sensation
Donc, la première chose que vous devez faire est de reconnaître si la sensation que vous éprouvez est agréable, désagréable, ou ni agréable ni désagréable. La deuxième chose que vous devez faire est de reconnaître l’impermanence du ressenti. Celui-ci apparaît et disparaît au contact du vécu de chaque instant.
Le travail sur les sensations physiques et mentales nous montre à quel point nos réactions sont conditionnées. Lorsque nous ressentons une sensation agréable naturellement nous nous attachons et ressentons du désir « Oh ! Puis-je en avoir encore et encore ». À l’inverse lorsque nous ressentons une sensation désagréable nous avons un rejet et de l’aversion qui peut parfois se traduire par de la colère, de la tristesse ou de la déprime, « Oh ! Non je ne veux pas de cela, pourquoi moi ? Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter cela ? ».
Sati ou l’attention joue un rôle très important car lorsqu’on est conscient de ses propres sensations, on peut s’en servir pour se libérer. La sensation devient alors un outil et non plus une chose que l’on subit. Prenons l’exemple d’une personne qui est insultée. Cette personne entre en contact avec une sensation désagréable. Elle éprouve par exemple de la colère. Le Bouddha dit que cette personne est touchée par deux flèches. La première flèche est l’insulte. La deuxième flèche est sa propre réaction. Le Bouddha nous dit que nous ne pouvons rien faire contre la première flèche mais par contre que nous pouvons éviter la deuxième flèche, c’est-à-dire notre réaction.
Nos tendances à aimer ou détester sont conditionnées. C’est un point très important. Depuis notre enfance et même dans nos vies précédentes selon notre culture notre vécu et notre kamma, nous développons un certain conditionnement qui nous est propre. Dans cette pièce par exemple chaque personne présente réagira différemment face à une situation et cela à cause de son kamma antérieur. Le Bouddha nous dit qu’il est possible de modifier, de déconditionner notre mental. Et ceci est vraiment une bonne nouvelle !
La sensation comme outil de méditation
Alors comment mettre cela en pratique ?
Le Bouddha nous explique précisément : « quand une sensation agréable apparaît on sait qu’une sensation agréable apparaît. Quand une sensation agréable disparaît on est conscient que cette sensation agréable disparaît. Quand une sensation désagréable apparaît ou disparaît, on est conscient que cette sensation disparaît ou apparaît.
Quand une sensation neutre apparaît ou disparaît on est conscient que cette sensation neutre disparaît ou apparaît. »
Que cela signifie ? Qu’il y a une prise de conscience directe de l’expérience vécue sans réaction mais avec observation. Au fur et à mesure de notre pratique nous remplaçons notre réaction « j’aime » ou « je n’aime pas » par agréable, désagréable, neutre. On ne s’identifie plus, on note simplement mentalement le ressenti et par ce processus on enlève de notre esprit le jugement, le désir, l’aversion et tout ce qui s’en suit.
Observer l’impermanence des sensations
Nous pouvons également le voir sous un autre angle, en observant l’impermanence, Anicca en Pali c’est-à-dire l’apparition et la disparition de chaque phénomène fait que nous nous identifions de moins en moins à nos sensations, puisque rien ne dure.
Toutes les situations doivent être vu comme un entraînement.
Comprenez bien que ce n’est pas l’objet ou la situation ou la personne qui est la cause de votre souffrance mais notre réaction « désir ou aversion » qui est la cause de votre souffrance.
Pour finir je voudrais citer un enseignement du Bouddha qui résume tout ce que je viens de dire : « quel que soit le ressenti, qu’il soit agréable, désagréable ou ni agréable ni désagréable, on contemple l’impermanence de ses ressentis, on contemple leur disparition progressive, on contemple leur disparition totale. Quand on contemple ainsi, on ne s’attache à rien dans le monde. Quand on ne s’attache pas, on n’est pas agité. Quand on n’est pas agité, on atteint le Nibbana. »
Puissiez-vous tous mettre en pratique cet enseignement. Merci d’être venu, je vous souhaite à tous de bonnes fêtes de fin d’année.
Olivier Sayag